Ce que j’attends d’un homme – et ce que je n’accepterai plus jamais
- Véra Cavaciuti
- 8 avr.
- 4 min de lecture
On dit souvent qu’avec le temps, on devient plus indulgent. Je crois au contraire que le temps, lorsqu’il est traversé avec lucidité, nous rend plus exigeantes. Non pas capricieuses. Exigeantes. Et je le suis devenue. Parce que j’ai traversé trop de tempêtes, parce que j’ai grandi à travers la douleur, parce que je suis une femme debout. Une mère. Une entrepreneure. Une femme libre, féministe, résiliente, qui a tout reconstruit seule.
Et c’est justement parce que j’ai été seule durant huit ans – seule à porter, à gérer, à soigner, à aimer, à créer – que je n’ai plus envie de faire de place à ceux qui ne méritent pas cette place.
Aujourd'hui, cela fait dix ans que je navigue seule, que j'élève mes enfants et les pousse vers le haut, dix quand je suis née d'une nouvelle force, dix ans que j'aime qui je suis et où je vais.

Avant, j’ai toléré.
J’ai toléré l’humiliation, la trahison, l’adultère, les violences conjugales, le viol, les mensonges. Un divorce compliqué. Une histoire qui m’a abîmée, mais que j’ai finie par quitter, pour mes enfants, pour moi. J’ai mis des années à me réparer. Une histoire qui m'a faite grandir et devenir qui je suis aujourd'hui. Une histoire qui m'a permis de me réparer avec le temps. Une histoire que j'ai pardonnée pour avancer.
Et puis, il y a ce jour, où je me suis dit que peut-être j’étais trop difficile, c'est pour ça que je reste seule... Que je devrais "essayer", "voir ce que ça donne", "ne pas être trop dure", "laisser une chance". Alors j’ai accepté. J’ai laissé entrer dans ma vie quelqu’un qui n’aurait jamais dû y être.
Ce n’était pas une relation. C’était une colocation affective. Un naufrage silencieux. Un débordement d'âneries.
Un homme sans hygiène, asexué et frileux de tout, sans ambition ni désir, avec le QI d’un âne (et encore, c’est peut-être insultant pour les ânes). Mesquin, radin, égoïste. Un enfant dans un corps d’adulte, qui voulait qu’on le félicite quand il faisait la vaisselle. Qui attendait des “merci” pour les gestes les plus basiques. Pas de désir, pas de projet, pas d’élan. Pas même d’intimité. Un an sans rapport sexuel. Un an de vide. Des paroles vides de sens, sans queue ni tête, des caprices, des mots posés pour faire culpabiliser, des inactions paternelles. J'ai si honte de me dire que j'ai laissé passer ces choses durant un temps...
Je suis restée, parce que je cherchais encore la lumière quelque part. Et puis, j’ai attendu un moment, une sortie de secours. Et il me l’a offerte – dans un dernier acte pathétique : voler les plateaux de nourriture lors de l’anniversaire de mon fils.
Là, j’ai su. J’ai su que plus jamais je ne me trahirai moi-même à ce point.
Alors voilà ce que j’attends aujourd’hui d’un homme.
Je n’attends pas qu’il me sauve, je n’ai pas besoin de sauveur.
Je n’attends pas qu’il paie mes factures, je gère ma vie avec fierté.
Je n’attends pas qu’il soit parfait, je ne le suis pas non plus.
Mais j’attends qu’il soit un homme debout, un homme capable, pas un homme princesse.
Je veux un homme propre, dans sa tête et dans son corps.
Un homme qui se respecte – et donc me respecte.
Un homme qui élève ses enfants sans attendre d’une femme qu’elle le fasse pour lui.
Un homme qui prend ses responsabilités, pleinement.
Un homme qui sait exprimer ses émotions, sans violence, sans fuite, sans excuses.
Un homme qui sait ce qu’il veut, qui a une ambition, une direction.
Pas forcément carriériste, mais passionné par ce qu’il fait, fier de son chemin, fier d'aller plus haut et plus loin.
Je veux un homme qui me tire vers le haut, qui me pousse à me dépasser, et que je fasse de même pour lui.
Un homme qui ne cherche pas une mère, ni une infirmière, ni une éducatrice.
Mais une partenaire.
Un homme qui n’ait pas peur de sa lumière – ni de la mienne.
Un homme qui comprend que l’amour n’est pas un confort mais un mouvement.
Un homme qui sache que le quotidien, ce n’est pas juste “vivre à deux”, mais construire ensemble.
Et surtout, je veux de l’égalité.
Je veux de l’équité.
Je veux qu’on me regarde comme une femme entière, pas comme un supplément dans sa vie.
Je veux un homme qui comprenne que le féminisme n’est pas une menace mais une chance.
Qu’on n’est pas là pour rivaliser, mais pour avancer ensemble.
Aujourd’hui, je choisis de ne plus me trahir.
Je ne veux plus faire entrer dans ma vie des hommes qui n’ont rien à y faire.
Je ne veux plus de ceux qui demandent sans jamais offrir.
Je ne veux plus de ceux qui se servent sans jamais construire.
Je ne suis pas une bouée de sauvetage.
Je ne suis pas un lot de consolation.
Je ne suis pas une femme à qui on “rend service” en l’aimant à moitié.
Je suis une femme complète.
Avec mes failles, mes forces, mes élans, mes blessures.
Je mérite un amour digne. Un amour vrai. Un amour mutuel.
Pas un arrangement. Pas une colocation émotionnelle. Pas un demi-rôle dans un mauvais film.
Et à celles qui lisent ces lignes et qui doutent encore : vous n’êtes pas trop. Vous n’êtes pas difficiles. Vous êtes claires. Et c’est précieux.
On vous a peut-être appris à vous faire petites. À vous contenter.
Mais vous avez le droit de vouloir plus.
Le droit de vouloir quelqu’un qui vous élève au lieu de vous éteindre.
Le droit de dire non à ce qui ne vous ressemble pas.
Moi, aujourd’hui, je dis oui à l’exigence.
Oui à l’alignement.
Oui à l’amour vrai, ou rien du tout.
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